Louis Auguste FONTANE

Père : FONTANE Jean-Pierre
° Date : 07.10.1819 Lieu : St Christol-L-A (30), La Batisse
+ Date : ? ......1888 Lieu : St Christol-L-A (30)
Mère : ROURE Suzanne-Sophie
° Date : 16.02.1831 Lieu : Chamborigaud (30)
+ Date : 12.06.1861 Lieu : St Christol-L-A (30)
à l'âge de 30 ans
A sa naissance, ses père et mère étaient âgés de 37 ans et 26 ans.

Rang / père : 1 / 2

Rang / mère : 1 / 1.

Naissance

Naissance

Date

18.02.1857

Lieu

St Christol-L-A (30)

Professions

 

Tuilier

Décès

Décès

Date

p 15.01.1940

Lieu

Sauzet (30), La Tuilerie

Age

82 ans

Inhumation

Date

...01.1940

Lieu

Sauzet (30), La Tuilerie de Fontane

Age

82 ans

Union avec BONIJOL Joséphine

 

Date

p 04.05.1883

Lieu

Vialas (48), Souteiranes

Age
Age

26 ans
24 ans

 

Personnes citées

Témoin : MEYNADIER Ferdinand Né vers 1862, Instituteur public, Témoin
Témoin : MARTIN Victor , Scieur de long
Témoin : BONIJOL Armand Sarrazin Né vers 1818, Propriétaire, Fondé de J.P. FONTANE
Témoin : PELLEQUER Frédéric Né vers 1850, Propriétaire, Beau-frère de la mariée
Témoin : GUIN Armand Né vers 1841, Propriétaire, Beau-frère de la mariée

 

Sources

Contrat Mariage, par Me Mazoyer, notaire à Vialas. Photocopie de l'acte et du mariage civil: acte n°66, Etat civil de Vialas

5 enfants sont nés de cette union.

1. FONTANE Augustine
° Date : 14.01.1886 Lieu : St Christol-L-A (30)
x Date : 14.10.1911 Lieu : Sauzet (30)
avec CROUZAT Louis Gustave
+ Date : ...03.1958 Lieu : Moussac (30)
à l'âge de 72 ans
 

2. FONTANE Emilie
° Date : 27.09.1887 Lieu : St Christol-L-A (30)
x Date : 24.06.1911 Lieu : Sauzet (30), Gard
avec ANTONIN Jérémie-Noé
+ Date : 08.10.1943 Lieu : Sauzet (30)
à l'âge de 56 ans
 

3. FONTANE Juliette, N° 5
° Date : p 27.09.1891 Lieu : St Christol-L-A (30)
x Date : p 10.01.1920 Lieu : Sauzet (30)
avec MERIC Maurice, N° 4
+ Date : 03.05.1987 Lieu : Nîmes (30), Maison de Santé Protestante
à l'âge de 95 ans
 

4. FONTANE Berthe
° Date : 28.12.1893 Lieu : St Christol-L-A (30)
x Date : 27.11.1920 Lieu : Sauzet (30), Gard
avec VIDAL Léon
+ Date : ...03.1984 Lieu : Nîmes (30)
à l'âge de 90 ans
 

5. FONTANE Léa
° Date : 09.07.1901 Lieu : Sauzet (30), La Tuilerie
+ Date : ......1901 Lieu : Sauzet (30), La Tuilerie
 

D'après son livret militaire (archives familiales )

- Jeune soldat de la classe 1877 (1ère portion) de la subdivision de Nîmes.N° 58 de tirage dans le canton d'Alais.
- Signalement: Cheveux et sourcils chatain clair / yeux chatain foncé/ front rond/ nez applati/ bouche grande/ menton rond/ visage ovale. Taille: 1m 65cm. Marques particulières: néant.
- Culte protestant.
- Soldat: Armée territoriale, 15 ème escadron territorial du Train des Equipages, stationné à Orange.
- N° au répertoire du corps: 2060 bis.
Immatriculations successives:
12 novembre 1878: incorporation. Sait lire, écrire et compter. Ne sait pas nager.
13 novembre 1878: arrivée au corps. Il a été constaté que le militaire était vacciné avec succés.
14 novembre 1878: instruction à pied et à cheval commencée. Admis à l'école de l'Escadron à cheval.
26 décembre 1878: revacciné, sans succés.
18 juin 1879: instruction terminée. Plus particulièrement apte au service de la cavalerie. Classement: 2ème au tir.
30 septembre 1880: hussard de 1ère classe.
9 mai 1882: passé dans la disponibilité de l'armée active, rayé des contrôles ledit jour pour accomplir du
1er / 28 octobre 1886: une période d'instruction au 15 ème régiment territorial des Hussards.
4 / 26 octobre 1889: période d'instruction au 1er Hussard, 15ème escadron territorial dui Train des Equipages.
19 mars 1899: déclare à la gendarmerie de St Chaptes son changement d'adresse à Sauzet.

*

* Cousin issu de germain avec sa femme.
* Début novembre 1898, a quitté St Christol pour s'installer à Sauzet où ses quatre filles pourront travailler dès l'âge de treize ans à la Réglisserie de Moussac. Cf "Histoire de ma vie" de Juliette FONTANE, sa fille.
* Le 4 octobre 1898, achat d'une tuilerie à Sauzet, qui deviendra "La Tuilerie de FONTANE", chez Me BOUYER à St Geniés. Photocopie de l'acte dans archives familiales.
* Le 5 février 1918, achat d'une terre à Sauzet (agrandissement). Photocopie dans archives familiales.
* Chaque lundi, il va à Alés où il rend visite à ses cousins CHABROL . Voir les commentaires malicieux de Jean-Pierre CHABROL dans Contes à mi-voix :Le cousin Fontane.
* C'est  de lui que nous tenons le Dictionnaire Languedocien de l'Abbé de SAUVAGES, ainsi que le canapé et les deux Voltaire  ( vente de château).
* Conseiller municipal de Sauzet, durant de nombreuses années . 
Diplôme dans archives familiales.

* Inhumation à la Tuilerie de Sauzet, au bord de la vigne où il a rejoint sa femme, Joséphine BONIJOL, son petit-fils Roger CROUZAT et sa fille Léa FONTANE.

Toutes ces tombes viennent d'être détruites par l'Administration, brutalemment, pour construire la "2 fois 2 voies" Nîmes-Alès. Les restes auraient été portés au cimetière de Sauzet. 
 Le tracé de cette route ne figurait pas dans l'enquête d'Utilité Publique. Il est trés onéreux et trés préjudiciable à l'environnement (par exemple les cyclamens cités ci-dessous par le cousin Jean-Pierre, des arbres centenaires du bois de Carenou, etc.

Temple - Eglise de SAUZET
Photo M. Duroux-Gauthier

 

 

* Le 18 janvier 1940, lors de ses obsèques  Henri SOULAS de Sauzet prononcera cet éloge funèbre :

" Mesdames, Messieurs, 
                                        Nous accompagnons à sa dernière demeure le Grand-Père FONTANE.
   
Une longue vie a été son destin, mais une longue vie ne s'accompagne pas sans luttes, sans vicissitudes, comme pour tous les mortels. Comme dans tous les domaines, il y a part d'amertume. Des pertes cruelles n'avaient pas épargné le Père FONTANE... Ce qui prouve que chaque tombe a son histoire devant laquelle il faut s'incliner.Il y a quarante ans, il avait acheté ce champ où il avait fondé son travail, élevé sa famille, et où il va maintenant reposer.

Dans ses difficultés morales, une force de caractère l'avait soutenu. Nous avons tous connu son abord facile, son amabilité qu'il ne négligeait pas. De son labeur même, il avait élargi ses connaissances. En lisant les oeuvres de nos grands savants, et de nos grands poètes, il en tirait volontiers des actions de proverbes qu'il répandait autour de lui. Il se plaisait à raconter des vers de Victor Hugo, à chanter le "Forgeron de la Paix".

Dernièrement, à propos de la guerre, il me disait: "J'ai vu partir ceux de 70, j'ai fait mon service dans les Hussards, plus tard j'ai vu partir ceux de 14, aujourd'hui ceux de 39. Cependant j'aurai eu le droit de mourir tranquille." Mais se rappelant tout à coup l'ordre du jour de la Marne, il se trouvait ce citoyen de la France immortelle.

Pendant 25 ans il fut Conseiller Municipal de son cher village de Sauzet.

Brave FONTANE! et c'est à ce titre que nous te saluons à coté de ta famille. Au nom de tous ceux qui t'entourent nous te disons: A DIEU!"

Et Jean-Pierre CHABROL, plus tard :

Le cousin FONTANE     ....  c'est un peu le cousin de tout le monde.

  J'aime parler de lui, ça me donne à revoir sa silhouette maigre, un peu courbée, son pas leste, ses yeux moqueurs, sa moustache conquérante ...

      Il a passé sa vie dans une maisonnette au milieu des vignes, tout prés de la gare de Nozières dans le Gard. Il avait creusé la terre et découvert une nappe d'argile. Il avait donc construit un four pour cuire les tuiles. Et voilà, c'était "la Tuilerie". Il était à la fois le directeur, l'homme de peine et le démarcheur de l'entreprise. Sa femme était morte jeune en lui laissant quatre filles à élever. Avec sa vigne, sa petite industrie, son travail et son grand courage, il arrivait à faire vivre son petit monde. Quand ses filles devenaient assez grandes, elles allaient travailler à la réglisserie "CAR" toute proche. Puis elles se sont mariées, le cousin FONTANE est devenu grand-père, quel drôle de Grand-père ...
     Le vieux blagueur avait des manières de marquis. Ce paysan saluait les dames en balayant le sol de son chapeau. Il adorait les foires et les marchés. Sur la fin de sa vie, il était resté seul dans la maisonnette. La tuilerie ne fonctionnait plus, il n'avait plus beaucoup d'affaires à traiter, ni beaucoup d'achats à faire, ni beaucoup de sous ...
      Le lundi matin, il venait au marché d'Alés, c'était sa distraction hebdomadaire. Ses affaires? Il n'en avait plus, il discutait avec ses amis et connaissances, il en avait beaucoup, parfois, il faisait un billard au "Café de la Bourse". A midi, il venait manger chez nous ... Il n'arrivait jamais les mains vides, mais, comme il était quand même pas mal fauché, il n'apportait que des choses qui ne lui coûtaient rien, de merveilleuwx cadeaux sauvages. Sur le coup de midi, il faisait son entrée chez nous, son chapeau à la main, dans l'autre un brin de lilas ou une touffe de muguet ou des cyclamens cueillis dans les bois de Nozières, des poireaux de vigne, des asperges sauvages et parfois, en hiver, quand il n'y avait plus rien à cueillir, une simple branche de houx ... Ou alors, il sortait de sa vieille sacoche de cuir noirci une ou deux douzaines de ces gros escargots qu'il extrayait en plein hiver d'entre les pierre des vieux murs avec un long crochet de fil de fer ...
   
Et chaque lundi, c'était le même cérémonial, papa lançait:
   
- Eh ! vous mangerez bien avec nous, cousin ?
   
- Ma foi, si je dérange pas. On dirait que je suis en pension !
   
Son cadeau de départ, c'était quelque merveilleux proverbe occitan qu'il avait mis de côté pour nous. Il avait des expressions dont il abusait avec un malin plaisir, ses récits étaient ponctués de "coïncidences bizarres !" 
Les lundis de grand soleil, il nous récitait un bout du "Christ au Vatican" ...
   
Il aimait les bonnes choses, le vin léger, mais il était d'une sobriété remarquable, il ne se goinfrait pas, il savourait, il ne buvait pas, il tastait avec un raffinement qui donnait du plaisir à tous. Il précisait: "Je ne me suis pas soûlé depuis mon conseil de révision", ou: "Dans la famille, personne ne roule sous la table, sauf un qui nous déshonore, mais on ne le fréquente guère ..."
   
  Ce grand rieur était d'une sincérité redoutable, incapable de mentir, il s'en excusait: "Que voulez-vous, je ne suis pas un cache-péché ..."
   
Même à votre table, il crachait le morceau. Un lundi midi, mon père a annoncé fièrement: "Cousin, je veux vous offrir un soupçon de marc, mais si !  C'est mon beau-père qui l'a distillé à partir du raisin de son clos ..."
   
FONTANE goûte, se tord le nez: "Ah !  l'empoisonneur !"
   
Parfois, il nous invitait chez lui. Il s'y préparait longuement, alors nous vivions le grand art, le suprême raffinement de la pauvreté savante. Son petit vin était un nectar, on faisait durer la gorgée. Ses tuiles étaient parfois mal cuites et poreuses, à ce qui se disait méchamment, mais son vin ... Son petit coteau aurait largement mérité l'appellation contrôlée ...
On s'attablait devant un civet de sa manière, un lapin des champs, nourri du thym et du serpolet de la garrigue, entouré d'un mélange de pommes de terre et de champignons, tout ça ne lui avait pas coûté trés cher, en argent je veux dire. Sa cuisine avait des siècles de noblesse et de simplicité.
   
  Mais c'est surtout pour la foire du 9 septembre qu'on attendait l'arrivée du cousin FONTANE. Nous étions encore au village à cette époque de l'année. La foire durait deux jours pleins. Une trentaine de nos parents descendaient chez nous, ils venaient d'un peu partout, des mas de la montagne perdus sur les pentes aux frontières du Gard et de la Lozère. La maison était surchagée, seules les femmes couchaient dans les chambres, en posant les matelas par terre, ou sur les tables, ou sur des chaises. Les hommes regagnaient la nuit les litières dans la grange et les paillers. Le matin, ces gaillards, des brins de paille dans les cheveux, couraient à la rivière pour se laver torse nu avant de s'attabler devant l' "aïgo bulido" à l'oignon et l'anchoyade terriblement épicée ...
   
  C'est dans ce joyeux tintamarre que le cousin FONTANE faisait son entrée. Il débarquait le matin en gare de Chamborigaud. En traversant le village en foire, il achetait une de ces fougasses qui ressemblaient à une roue de brouette, agrémentées de dessins en sucre de toutes formes et de toutes couleurs. Une vraie couronne de roi barbare. Le cousin la posait sur sa tête, bien à plat sur son chapeau. Sans la tenir, trés droit, il parcourait le kilomètre qui sépare la gare de la maison, en fumant sa pipe, "bombant le torse comme s'il avait du blé à vendre". Il faisait des moulinets avec sa canne. La tête des gens qu'il rencontrait! ce vieux gamin de soixante -dix ans ...
   
  Il arrivait ainsi chez nous, fier de sa performance, heureux surtout de ne pas arriver banalement, les mains vides mais avec quelque chose à offrir, et où? Sur la tête!
   
  A la fin de sa vie, il était trés seul dans la maisonnette prés de la tuilerie qui tombait en ruine. Comme beaucoup de vieux, il n'entretenait plus qu'une pièce, mais parfaitement. Tout le reste était fermé.

  Je l'aimais beaucoup. De temps en temps, tout seul, sans rien dire à personne, je sautais sur mon vélo, et je me tapais douze kilomètres pour lui faire une courte visite. Il en était ému, il devait se dire: ce gamin, il pourrait aller se baigner, sortir avec ses copains et ses copines, il a autre chose à faire qu'à venir perdre son temps avec un vieux croûton comme moi ...
   
Une aprés-midi, il m'a dit tout bas: "Jean-Pierre, je vais te montrer ce que j'ai de plus précieux ..." Il est allé ouvrir la porte du fond de la cuisine. Il l'a refermée derrière lui, je l'ai entendu qui se dirigeait à tâtons dans la pénombre des chambres condamnées, j'ai entendu grincer des portes d'armoire. Il est revenu avec un carton soigneusement emballé dans du papier de soie. Il m'a dit: "Viens, sous la treille. Au soleil, nous verrons mieux ..."
C'était une vieille photo sur carton, une photo assez extraordinaire puisqu'elle représentait quelque six cents bonshommes d'âge mur, alignés sur des marches sous un fronton. La photo d'une cession de la Chambre des Députés, au siècle dernier ...
 Le cousin FONTANE n'a même pas eu besoin de chausser ses lunettes pour me montrer une de ces têtes, guère plus grosse qu'une tête d'épingle, une parmi des centaines, un barbu.
- Regarde celui-là, Pierrot, c'est Victor Hugo! 
Çà, c'était un homme. Il a toujours été du côté des pauvres ...

 

Jean-Pierre CHABROL  signant chez un libraire nimois, en 1964  (photo Marcel Méric)

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